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Alki, fleuron français du mobilier met les bouchées doubles

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Le PDG présente le projet de la coopérative aux élus et à ses partenaires, sur le futur site. © Crédit photo : Émilie Drouinaud/SUD OUEST

Le fabricant de mobilier design, connu à l’international, quitte Itxassou pour Larressore, où ses ateliers seront modernisés et deux fois plus spacieux. En cours, le chantier témoigne d’une grande réussite

Fleuron français du mobilier en bois de chêne, la coopérative Alki organisait, jeudi 22 septembre, une pose de première pierre symbolique. Bordé par un champ de piments, son futur bâtiment offre une vue imprenable sur la Rhune, à Larressore. Seulement entamé depuis mai 2022, ce chantier ne dévoile pour l’heure que des piliers et des chapes de béton. Les travaux doivent s’achever en septembre 2023. Ils concrétiseront une réussite entrepreneuriale peu commune, qui a hissé Alki parmi les fabricants les plus réputés du monde.

Sur un terrain de 16 000 m², la coopérative étalera sur 8 500 m² et deux étages ses ateliers et autres espaces de démonstration. Soit deux fois plus qu’à Itxassou, la commune qui l’a vu naître ex nihilo en 1981. Le futur bâtiment culminera à 8 mètres de haut et répondra aux normes environnementales les plus exigeantes – coque en bioplastique, panneaux photovoltaïques –, sous la houlette du cabinet Leibar et Seigneurin. « Une robe en écailles d’aluminium viendra coiffer l’édifice et son sol, plus minéral », dévoile l’architecte Xavier Leibar.

Environnement

Ce dernier a dû se plier à un épais cahier des charges : pas de chauffage, pas de lumière artificielle ni de rayonnement direct, enclin à déranger les compagnons artisans du bois. Le patron d’Alki, Eñaut Jolimon de Haraneder, y voit un défi à la hauteur des ambitions de la coopérative. Et l’homme de s’appuyer actuellement sur 42 coopérateurs pour poursuivre l’aventure. « Nous envisageons, à terme, de passer à 80 personnes », annonce-t-il.

Il faut dire qu’Alki ne cesse de grandir, forte d’un chiffre d’affaires de 7,4 millions d’euros en 2021 : les commandes affluent tant qu’une augmentation de la capacité de production s’impose. « Pour autant, il ne s’agira pas seulement d’un outil de production modernisé, reprend le jeune PDG. Ce sera un lieu de partage, de création et d’échanges. »

Rayonnement

Les mots « campus » et « atelier » sont ainsi préférés à celui d’« usine ». Ce qui convient parfaitement à Peio Uhalde, ce jeune retraité cofondateur de la coopérative en 1980.

Nous avons alors engagé un designer qui, avec nos moyens de l’époque, nous a peu à peu fait entrer dans un autre monde, sans que cela ne change quoi que ce soit à nos valeurs

« Vers 2005, le secteur était en crise, se souvient-il. Nous avons alors engagé un designer qui, avec nos moyens de l’époque, nous a peu à peu fait entrer dans un autre monde, sans que cela ne change quoi que ce soit à nos valeurs. » Une commande de mobilier par un café du château de Versailles a permis à Alki de glisser la première pièce dans la machine : « La carte de visite n’était plus la même », concède Peio Uhalde.

Dubaï, le Japon, les États-Unis ou encore la Jordanie s’arrachent désormais depuis plusieurs années ce mobilier élégant et haut de gamme. Sans oublier la France, où l’on ne compte plus les clients prestigieux, du Mucem de Marseille à la Cité du vin de Bordeaux, en passant par Quiksilver au Pays basque et, plus récemment, la Bibliothèque nationale François Mitterrand.

Audace payante

Grand artisan de ce succès, le designer Jean-Louis Iratzoki, directeur artistique d’Alki depuis la réorganisation, décrypte cet élan : « Cela a rapidement fonctionné car le design choisi était appliqué au savoir-faire, et non l’inverse. En outre, l’envie d’essayer de nouvelles choses n’a pas effrayé les coopérateurs. Nous avons compris qu’Alki devait aller au-delà de l’objet et s’engouffrer dans la communication et les rencontres internationales. » Une audace payante qui permet aujourd’hui à l’entreprise de « se projeter », comme le souligne Eñaut Jolimon de Haraneder.

Celui-ci n’entend cependant pas communiquer le coût du nouveau bâtiment. Tout juste glisse-t-il qu’il témoigne d’une « grande ambition ». Ambition totalement comprise par les pouvoirs publics, puisque Alki jouit d’une contribution de 600 000 euros de l’Agglomération et du Département. Dixit le patron de l’Agglomération Pays basque, il n’y a pas débat : « Ce projet créateur d’emplois, est exemplaire à tous points de vue. »

Thomas Villepreux
sudouest.fr