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Les dépeceurs ont tué trois betizu.

Au Pays basque, sur le Mondarrain, les vaches betizu sont chez elles. mais pas toujours en sécurité... © Crédit photo : Archives Jean Daniel Chopin

Des braconniers ont récemment tué trois de ces vaches locales. Le forfait met en lumière la délicate gestion de l’animal sauvage par les élus locaux.

Mort aux vaches !

Ils n’ont laissé que les peaux, les pattes et les têtes des trois betizu. À la toute fin de décembre, les braconniers ont signé leur forfait. «On les a retrouvés au col des Trois-Croix, un endroit très passant», souligne Michel Ezcurra, adjoint à l’agriculture de la commune d’Espelette. «On ne sait pas trop s’il faut le prendre comme une provocation.» Ce n’est pas la première fois que des bouchers clandestins zigouillent quelques spécimens de la race sauvage du Pays basque. Un comité de suivi du cheptel local compte les têtes. 60betizu broutent les pentes du massif. Malgré une «interdiction de tir », leur nombre n’augmente pas. La municipalité n’a pas déposé plainte. Pas d’enquête, donc. Les élus connaissent-ils les Tartarins du Mondarain ? Préfèrent-ils laver le linge basque en famille ? «Ce n’est pas le cas, certifie l’adjoint. Nous ne savons pas qui a fait ça. Il faudra sans doute porter plainte si ça recommence». Bâtards malingres Que recherchent les abatteurs ? La chair à bonne chère, sans doute. «Les betizu se mangent. C’est bon», confirme Michel Ezcurra. Des restaurateurs cuisinent la domestique. Le condiment de l’interdit rehausse certainement le goût de la sauvage. La minutie du dépeçage conforte la piste gastronomique. Ce n’est pas la seule. Les bêtes sauvages ne connaissent pas les frontières des propriétés et « peuvent rentrer assez bas, sur les prairies privées ». Là où paissent leurs cousines Blondes d’Aquitaine. Elles les rencontrent aussi en estive. « Le souci, c’est que les taureaux sauvages peuvent saillir des vaches d’élevages à viande.» Ce métissage malheureux engendre des bâtards malingres. « Les veaux ne sont pas commercialisables. C’est une perte pour un éleveur.» L’un de ces accouplements non désirés par l’homme est advenu récemment, à Itxassou. « L’éleveur se tourne vers la mairie, forcément. Il va falloir discuter indemnisation.» Car le premier magistrat est légalement responsable des errements des betizu sauvages sur sa commune.

Danger

Michel Ezcurra relève le flou juridique où s’ébrouent les bovidés endémiques : «Ils ne sont considérés ni comme sauvages, ni comme domestiques. Au bout du bout, la responsabilité des problèmes revient au maire. Le statut des betizu, c’est un sujet qu’on essaie d’amener devant les services de l’État. Sans succès pour le moment.» Il n’y a pas que des idylles incongrues entre bovidés dont doit répondre le premier magistrat. « En cas d’accident, c’est encore lui qui prend. On est en présence d’animaux sauvages, ça peut être dangereux. » L’animal s’effarouchera 99fois sur 100. « Mais on peut tomber sur une mère avec son petit. Et la montagne est de plus en plus fréquentée. L’an dernier, une personne a appelé à la mairie. Elle avait eu peur.» Les élus, en lien avec le Conservatoire des races, s’efforcent de contenir la population des betizu. Mais ils n’ont pas besoin du concours des braconniers

Pierre Penin
sudouest.fr