Agriculture paysanne : la place des femmes au cœur du salon Lurrama
Les agricultrices basques ont dévoilé les grandes lignes du prochain salon paysan de Biarritz. © Crédit photo : T. V.
Le salon de l’agriculture paysanne et durable du Pays basque, Lurrama, fera son retour à Biarritz du 10 au 12 novembre. Son thème ? « Place aux paysannes ! »
Attention, cliché : les femmes sont prévoyantes. Les agricultrices Amaia Hiribaren (Itxassou), Jennyfer Audy (Jatxou) et Mirentxu Elissalde (Itxassou) ont en tout cas dévoilé les contours du salon de l’agriculture paysanne et durable du Pays basque, Lurrama, 130 jours avant son ouverture. Le 4 juillet, précisément. À leurs côtés se trouvait aussi Élise Momas, du comité de pilotage de Lurrama, un événement prévu du 10 au 12 novembre à la halle Iraty de Biarritz.
Lors de cette édition, la région invitée sera la Franche-Comté et la marraine de l’édition Morgan Ody, coordinatrice générale de la Via Campesina (1). Comme chaque année, il y aura à manger et à boire, des animaux à voir, des conférences et des savoir-faire à mieux comprendre. Mais il y aura surtout ce thème : « Place aux paysannes ! » « C’est un projet de société, qui prône l’équité et le vivre-ensemble, l’internationalisme et le féminisme », explique Jennyfer Audy.
1 : Accélérer le cours de l’Histoire
Les paysannes de Lurrama rappellent quelques dates clés. En 2010, l’égalité de statut commence à poindre avec la création du Gaec entre époux. En 2012, la candidature de 30 % de femmes devient obligatoire sur les listes électorales des chambres d’agriculture. Depuis, la place des agricultrices a évolué. Mais trop « lentement ».
2 : Être toujours plus visible
Les femmes représentent un quart des installations agricoles en Nouvelle-Aquitaine, contre 38 % en Pays basque français, où elles n’étaient que 25 % douze ans plus tôt. Autrement dit, le secteur agricole progresse pas à pas… Même si le chemin reste long.
« Autrefois, les paysannes n’étaient pas visibles, rappelle Jennyfer. Des progrès ont été réalisés, mais beaucoup de choses restent à faire. Désormais, il ne s’agit plus de dire que les femmes sont légitimes dans le monde agricole, car tout le monde partage cet avis. Il s’agit de penser le statut des paysannes et de trouver des outils pour leur donner toute leur place. Comment être mère et paysanne ? Comment avoir plus de femmes dans nos instances, notamment syndicales ? »
3 : Faire évoluer les réflexes
Amaia, Jennyfer, Mirentxu et Élise soulignent notamment un « vrai-faux » détail : « Les femmes prennent moins souvent l’apéro en fin de réunion. Et c’est souvent là que se prennent les décisions. À nous de prendre notre place. »
Une anecdote de Jennyfer illustre le retard à combler : « J’annonce à la grand-mère de mon mari, qui a 92 ans, que je pars faire la traite. Elle me répond : ‘‘Bah, tu vas tenir le portail.’’ Et pourtant, elle est plutôt féministe pour son âge. Les réflexes des hommes, mais aussi ceux des femmes, doivent changer. »
Et lorsque l’heure de la transmission a sonné, l’expression consacrée est la suivante, d’après les participantes à Lurrama : « Notre mère a aussi un statut d’agricultrice, mais on prend la suite du père. C’est ancré dans les esprits. »
(1) La Via Campesina est une organisation mondiale qui regroupe près de 200 millions de paysannes et paysans.
Thomas Villepreux
sudouest.fr