Baptiste Ducassou arrache son 5ème titre de champion de France
Mené dans la dernière dizaine par Luis Sanchez, Baptiste Ducassou a trouvé les ressources pour l'emporter sur le fil (40-39). © Crédit photo : Bertrand Lapègue
Au bout du suspense et d'une partie de très haut niveau, l'Itsasuar s'est défait du Navarrais Luis Sanchez ce dimanche au trinquet Berria d'Hasparren (40-39)
Baptiste Ducassou n'est plus qu'à un titre du record de six victoires, codétenu par Manu Martiarena et Agusti Waltary.
Ce dimanche, au terme d'une superbe finale, l'Itsasuar de 28 ans a été sacré pour la cinquième fois lors du championnat de France de main nue élite pro tête à tête, après 2015, 2017, 2019 et 2020.
Il s'est longtemps fait malmener par le Navarrais Luis Sanchez, qui ne s'est incliné que d'un petit point après une heure et demie de jeu (40-39).
Les deux pilotari se sont livré un mano à mano de très haut niveau, physique, technique et psychologique.
Sanchez "va réveiller la fourmilière"
Grâce à la qualité de son but (11) et sa science du jeu, Baptiste Ducassou a résisté aux coups de fusil de son adversaire de 23 ans, qui l'avait battu en poule (40-35), mais a cette fois commis quelques petto aux moments clés.
Révélation de ces derniers mois et déjà finaliste du Super Prestige (défaite contre Larralde), Luis Sanchez devrait encore faire parler de lui lors des prochaines éditions.
"Il va réveiller la fourmilière", a salué l'ancien champion Pampi Laduche sur NoA, qui retransmettait la rencontre.
En groupe B, c'est Mattin Olçomendy qui a coiffé la boïna, en disposant de Thierry Harismendy (40-28).
Pierre Mailharin
sudouest.fr
Pelote basque: Des arrières devants
Baptiste Ducassou, qui a retrouvé ses bonnes sensations, a battu Peio Larralde samedi au Berria. PHOTO BERTRAND LAPÈGUE
CHAMPIONNAT DE France : Sanchez a dominé Ospital (40-23) et Ducassou a défait Larralde (40- 35). Les deux arrières disputeront la finale dimanche au Berria
Les affiches des finales des groupes A et B du championnat fédéral de main nue Élite pro individuel sont connues. Chez les ténors, on retrouvera face à face dimanche matin au Berria à Hasparren, le tenant du titre Baptiste Ducassou et le Navarrais de Pampelune Luis Sanchez. Soit un duel inédit entre deux solides arrières qui maîtrisent aussi l’engagement, un secteur clé du « buruz buru » (tête à tête) que le jeu long. À l’étage inférieur, ce sont Thierry Harismendy, encore un arrière et Mattin Olçomendy, seul avant, qui brigueront la txapela. Samedi après-midi à Hasparren Luis Sanchez a dominé sans trembler Mathieu Ospital (40-23). Seul pilotari invaincu, l’épatant Navarrais de 23 ans a récité sa pelote avec beaucoup de puissance et de précision. Après un début hésitant, il s’est appuyé sur un engagement canon (12) pour asseoir son jeu (6-6, 10-8, 15-15, 25-17, 32-19, 40-23).
Choc de grande classe
Dans la foulée, Baptiste Ducassou a retrouvé ses bonnes sensations pour déborder Peio Larralde (35- 35, 40-35). Les deux athlètes ont livré une rencontre de toute beauté, de quatre-vingts minutes. Un choc à suspense ponctué de ttantto de grande classe. Chacun a eu l’opportunité de «tuer» la rencontre. Après la 5e égalisation à l’entrée de la dernière dizaine, Baptiste Ducassou a failli réussir le break suite à deux débordements au filet du fond (26-21). Mais c’était sans compter sur la ténacité du lauréat du Super Prestige. Revenu à hauteur grâce notamment à son but varié (8 réalisations et 1 faux, 4 et 1 faux à son rival), l’Haspandar via 7 points de rang dont de judicieuses attaques tranchantes de la gauche, a eu sa chance (27-30).
Le groupe B à l’attaque
Mais l’Itsasuar n’a pas abdiqué. Au contraire, il a pris sa chance fouillant le pan coupé avec beaucoup de justesse (30-30). Retrouvant la confiance qui lui faisait défaut depuis plus d’un mois, il a terminé en costaud, profitant au passage d’un but faux au 32e ttantto du régional de l’étape (32-32, 34- 32, 35-35, 40-35) À l’étage inférieur, Thierry Harismendy a dominé le gaucher Alexis Inchauspe (40-27). C’est à l’aide de 15 buts et de frappes tendues au filet que l’expérimenté joueur formé à Denek Bat a construit sa victoire (25-18, 30-22, 40-27). À la suite, Mattin Olçomendy, 8 buts au compteur, a remporté le derby des avants puncheurs basnavarrais face à Antton Monce (23- 26, 33-33, 40-34). La finale entre les deux pilotari tournés vers l’attaque promet un beau spectacle.
Andde Bello
sudouest.fr
Mondarrain : les trois cadavres de vaches retrouvés font jaser.
Sur le chemin des Trois Croix, un cadavre de pottok et des restes de trois vaches, dont une n’est pas de race betizu. © Crédit photo : DR
Les restes de trois bovidés retrouvés sur le Mondarrain signent-ils le braconnage de betizu, la race locale ? C’est ce qu’a suggéré la municipalité d’Espelette. Ce n’est pas certain. Le flou règne.
La semaine dernière, un graffiti est apparu sur un mur du marché couvert d’Espelette. En lettres vertes : « Aupa betisoak ! » (1). L’acte de vandalisme pictural se réfère aux trois vaches retrouvées mortes récemment sur le Mondarrain. L’affaire bruisse de questions en suspens.
Des inscriptions ont été taguées sur un mur du marché couvert d’Espelette, en référence aux trois vaches retrouvées mortes sur le Mondarrain. Signe que l’épisode a marqué localement. © Crédit photo : DR
Les trois infortunés bovins sont-ils bien des betizu ? Qui a dézingué les bestioles ? Dans quel but ? Un flou propice aux conjectures enrobe le forfait. Cela sur fond de crispations autour de la race sauvage locale, patrimoine vivant que certains préféreraient mort.
La municipalité d’Espelette a formulé une première version de l’histoire. Celle de trois betizu sauvages tuées dans le massif, dépecées par quelques Tartarins du Mondarrain. Avant d’abandonner têtes, pattes et peaux sur un chemin du col des Trois Croix. « On ne sait pas trop s’il faut le prendre comme une provocation », glissait à « Sud Ouest » Michel Ezcurra, adjoint à l’agriculture d’Espelette.
La piste Blondes
Bravade de braconniers ou non, il semble que la macabre découverte ne concerne peut-être pas trois betizu. Peut-être deux, sans certitude. Pour ce témoin (2) direct, bon connaisseur du coin, point de ruminant endémique sur la scène du crime. « Je me promenais, j’ai vu les restes. Pour moi, ce n’était pas des betizu. » Et de produire une photo pour preuve de sa théorie.
C’est bien l’endroit. Un cadavre de pottok y voisine avec les piteux reliefs de trois vaches. L’une d’elles a la tête brune d’une Salers ou quelques cousines de pelage foncé : éliminée. Les deux autres pourraient bien être des betizu. « Pour moi, ce n’est pas le cas. Les betizu ont une couleur plus rouge, plus fauve. Celles-là ressemblent plus à des Blondes d’Aquitaine. »
Difficile à dire, même pour un œil expert. Deux envoyées du Conservatoire des races de Nouvelle-Aquitaine sont moins catégoriques. « Les conservatrices se sont rendues sur le terrain et elles partent sur un constat d’une, voire deux betizu », indique le conseiller régional Andde Sainte-Marie.
« Omerta »
L’élu, délégué à la montagne et au pastoralisme, s’intéresse à l’épisode du Mondarrain. « Nous sommes dans la logique de préservation des races et de la biodiversité qui est celle de la Région. » Il ne cache pas un certain agacement, trouve « étonnant le traitement fait par les pouvoirs publics et les élus d’Espelette ».
Ces derniers ont publiquement dénoncé un braconnage de betizu, sans pour autant porter plainte. « Cela aurait pourtant été faire preuve de responsabilité. Et une plainte, donc une enquête, était le seul moyen d’avoir des certitudes sur ce qui s’est passé. » Andde Sainte-Marie n’hésite pas à parler d’« omerta ».
Le conseiller régional sait que « tout le monde ne tolère pas la présence des betizu en montagne ». « Elles mettent les clôtures par terre, entrent sur des propriétés, ça agace », confirme l’auteur de la photo.
Le braconnage existe. Parfois pour le simple plaisir de bombances clandestines. « Mais ça devient compliqué, il y a du monde en montagne. » Lui ne croit pas à la théorie d’un dépeçage in situ.
« Aux vautours »
En l’occurrence, il miserait sur un scénario plus basique, à l’ancienne : « On a toujours tué à la ferme, comme pour le cochon. Aujourd’hui, c’est interdit, mais ça se pratique encore. C’est la tradition. Ce n’est pas forcément le fait d’éleveurs, d’ailleurs. Ça peut être quelqu’un qui achète une vache ou un veau, se le tue et se le prépare. Après, on balance les restes aux vautours. Ceux-là n’ont pas été très discrets. »
Pourquoi les élus locaux ont-ils parlé de trois betizu et de braconnage ? Au moment d’écrire ces lignes, nous n’étions pas parvenus à joindre Michel Ezcurra.
Pour notre observateur, vrai ou faux, « c’est peut-être un mal pour un bien ». « Les braconniers ne sont pas nombreux. C’est sans doute une façon de leur mettre la pression. »
En l’absence d’enquête, chacun restera avec ses convictions.
(1) Soutien aux betizu.
(2) Il préfère garder l’anonymat.
Pierre Penin
sudouest.fr