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Attaques de brebis au Pays basque : ces chiens de la ville qui traumatisent la campagne

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Thierry Hiriart et ses quelque 200 manex tête noire ont subi plusieurs attaques ces dernières années. © Crédit photo : Bertrand Lapègue   

Les attaques mortelles contre des brebis se multiplient dans la région d’Espelette. Les chiens de randonneurs non tenus en laisse sont dans le collimateur des éleveurs. Ils ne sont pas les seuls responsables.

La plupart du temps, les secours arrivent trop tard. Le mal est fait. Même tableau chaotique : un troupeau éparpillé, des touffes de laine disséminées sur le champ de bataille, des brebis repeintes à l’encre rouge à hauteur du cou ou de la cuisse. Des cadavres. Du traumatisme. Parfois, le ou les coupables traînent encore dans les parages. Du sang plein la gueule. « On en a vu se laver à la rivière avant de rentrer chez eux », se désole Thierry Hiriart, éleveur de manex à Espelette et dernier en date touché par la saignée.

Dans la cité du piment, épicentre du phénomène, d’étonnantes et violentes attaques sur les troupeaux ovins se multiplient depuis plusieurs mois. Ici, à l’entrée du Pays basque intérieur, contrairement à la région plus reculée de Lantabat, où le loup avait un temps été accusé cet été avant d’être – officiellement – mis hors de cause, le prédateur est clairement identifié. Il s’agit de son lointain cousin domestiqué. Enfin, domestiqué… C’est bien tout le problème, qui irrite à l’extrême les paysans locaux.

Je me pose la question de savoir si je ne vais pas prendre un fusil pour protéger mon troupeau

Déconfinement anarchique

Face à la légèreté de ces chiens agresseurs et surtout de leurs maîtres, certains, sans solutions, vont jusqu’à vouloir se faire justice eux-mêmes. Thierry Hiriart met en joue : « Quand je vais voir mes brebis à la montagne, j’ai deux ustensiles : mon bâton pour marcher et mes jumelles. Je me pose la question de savoir si je ne vais pas en prendre un troisième, un fusil pour protéger mon troupeau. » Procédé extrême et ancestral qui peut aussi consister à abattre, arbitrairement, un individu canin jugé menaçant.

Au plus fort de la psychose généralisée en Basse-Navarre, des arrêtés municipaux avaient autorisé cette pratique. Des innocents avaient été exécutés. On n’en est pas là au pied du Mondarrain, mais la question est prise très au sérieux par le maire d’Espelette, Jean-Marie Iputcha, lui aussi excédé. Dans le collimateur de l’édile, comme des éleveurs, une minorité de ces randonneurs citadins, débarqués en masse à la sortie du confinement. Sur ce qui s’apparente désormais à l’autoroute de la promenade du dimanche.

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Thierry Hiriart a dû euthanasier deux de ses manex tête noire après l’attaque des chiens. 
DR

Ces randonneurs doivent comprendre qu’ils n’arrivent pas en terrain conquis

Thierry Hiriart se souvient du jour de la libération. « C’était un truc de dingue, ils sautaient partout au milieu des brebis. » La délivrance serait restée bon enfant, si ne figuraient pas parmi ces déconfinés quelques promeneurs inconséquents, désireux de faire gambader leurs chiens sans laisse. « Ils ont cette croyance : ’Mon chien est inoffensif’. Mais ils ne l’ont jamais vu en montagne », résume Panpi Olaizola. L’éleveur d’Espelette a été l’un des premiers frappés de l’année 2022. En mai. Deux chiens, quatre brebis tuées.

Une police de la montagne

« Ces randonneurs doivent comprendre qu’ils n’arrivent pas en terrain conquis », tonne Jean-Marie Iputcha. Le maire, « 100 % aux côtés des éleveurs », rappelle que les chiens doivent être attachés en montagne. Des panneaux ont été ajoutés au départ des divers sentiers menant au Mondarrain. Depuis cet été et la constitution d’une police intercommunale regroupant six communes (Saint-Pée-sur-Nivelle, Ascain, Sare, Espelette, Ainhoa et Arbonne), deux agents tournent sur les hauteurs pour rappeler la règle.

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Andoni Cazenave élève 250 manex tête rousse sur les flancs du Mondarrain à Itxassou. 
P. M.

Mais est-ce suffisant ? Les éleveurs qui s’essaient aussi à la prévention se heurtent à une nonchalance déconcertante : « La plupart des randonneurs comprennent, note quand même Andoni Cazenave, éleveur à Itxassou, visé pour la dernière fois début décembre (une brebis morte, une mal en point). Mais d’autres font semblant et certains nous demandent… pourquoi notre chien n’est pas attaché ! Mais on est là pour bosser nous ! » « On nous remballe souvent, peste Thierry Hiriart. ‘Vous cherchez la merde ou quoi ?’ »

Jean-Marie Iputcha veut croire que les choses évoluent positivement depuis l’arrivée des policiers : « Il ne faut pas crier victoire, mais on voit du mieux, beaucoup plus de chiens en laisse. » Les éleveurs affectés récemment sont plus pessimistes. Exhortant à une « cohabitation bergers-randonneurs » (Andoni Cazenave), ils ont partagé leurs expériences sur les réseaux. Histoire d’accélérer la prise de conscience. Si les incivilités continuent, les agents intercommunaux pourront aussi désormais verbaliser les contrevenants.

Saisonniers et chiens errants

La totalité des attaques de troupeaux ne cessera pas pour autant. Les randonneurs n’en sont pas la seule cause. « Il y a aussi les chiens des saisonniers et les chiens errants », complète Jean-Marie Iputcha. Le maire ezpeletar a été appelé il y a un mois pour un carnage survenu à Larressore. « Le chien d’un saisonnier d’Espelette, de l’entreprise Sabarots. » Il avait fait la peau à huit brebis et s’en léchait les babines. « Beaucoup de saisonniers viennent avec des chiens, moi je leur demande systématiquement de les attacher », tente d’anticiper Thierry Hiriart. Le sujet reste circonscrit à quelques attaques, mais la vigilance semble de mise.

En 2022

Mai Quatre brebis de Panpi Olaizola (sasi ardi) sont tuées à Espelette lors de l’attaque par deux chiens de randonneurs (deux brebis d’un voisin périssent également lors de l’attaque). 3 décembre Une brebis d’Andoni Cazenave est tuée (manex tête rousse), une autre sérieusement blessée, à Itxassou, lors de l’attaque par deux chiens de randonneurs. Mi-décembre Huit brebis d’un éleveur de Larressore sont tuées lors de l’attaque par un chien de saisonnier du piment d’Espelette (établissement Sabarots). 30 décembre Deux brebis de Thierry Hiriart (manex tête noire), sérieusement blessées lors de l’attaque à Espelette par deux chiens échappés d’une habitation de Souraïde, doivent être euthanasiées. Une autre est blessée.

Elle est encore plus accrue pour les chiens errants, échappés à leurs propriétaires ou tout simplement abandonnés en rase montagne, passée la mode du déconfinement. Ciblé par des chiens de randonneurs à plusieurs reprises ces dernières années, Thierry Hiriart a cette fois vu son troupeau pris en grippe par deux chiens égarés. C’était vendredi 30 décembre : « J’ai été alerté par quelqu’un qui entendait des aboiements dans une prairie où j’avais mon troupeau. Deux chiens s’acharnaient sur une brebis. »

Combat inégal. Et si difficile à prévenir. Il arrive quand même que le préjudice (1), au moins financier, puisse être réparé. Les photos des toutous fous ont été postées sur Facebook.

Le propriétaire souraidar dépassé par la fuite de ses chiens s’est dénoncé et a promis de faire ce qu’il fallait. La perte morale, elle, n’est jamais compensée : « Voir sa brebis dépecée, ça fait très mal au cœur… »

  1. Une brebis adulte vaut environ 130 euros. Des dédommagements par les assurances peuvent exister, mais sous certaines conditions.

Pierre Mailharin
sudouest.fr

Pays basque : la Région injecte plus de 3 millions d’euros pour soutenir des projets

Lur Berri

La coopérative Lur Berri est également soutenue par la Région. Jean-Daniel Chopin

Usine du futur, lutte contre la cybercriminalité, agroécologie… La Région Nouvelle-Aquitaine a voté une série de subventions importantes en faveur d’actions structurantes ou innovantes du territoire

La commission permanente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s’est réunie ce 7 novembre pour voter ses subventions aux projets innovants du territoire. Plusieurs dossiers importants concernaient le Pays basque.

1 Innovation et productivité

Dans le cadre du projet « Usine du futur », un montant de 74 925 euros est accordé à Inox Pyrénées, basée à Larressore. À la clé, la possible création de cinq emplois. L’entreprise de chaudronnerie fine, attachée au monde de la cuisine, pilote une étude de marché sur le secteur de la cuisine extérieure, avec pour but de développer des meubles de convivialité pour plancha.

L’entreprise Baradat, d’Itxassou, touchera 121 671 euros. L’artisan charcutier traiteur entend augmenter sa capacité de production, tout en sécurisant le process. Deux créations d’emplois sont visées.

Dans l’escarcelle de la coopérative agricole Lur Berri, d’Aïcirits-Camou-Suhast, 306 000 euros. Il s’agit ici de soutenir un projet de recherche et développement concernant la transformation digitale des activités, pour mieux accompagner les agriculteurs dans la transition agroécologique tout en apportant des garanties aux acheteurs et consommateurs sur les enjeux sociétaux : bien-être animal, environnement, développement du territoire… Quatre emplois devraient en découler.

Le même nombre de création de postes est envisagé par Sitincloud, à Chéraute. La Région accorde 100 000 euros à cette société spécialisée dans les logiciels de lutte contre la cybercriminalité. Son objectif : assurer une protection maximale contre tout type de logiciel malveillant, connu ou non.

2 Hébergement inclusif

La Région vient aussi au soutien des bailleurs sociaux. Ainsi, Habitat Sud Atlantic touchera 150 000 euros. L’office public de l’habitat du Pays basque accompagne la commune d’Ostabat (200 habitants) dans la réalisation du projet Ostavals, qui entend mettre en valeur le patrimoine agricole et ses paysages, avec un centre de valorisation du paysage.

À proximité du centre est prévue la construction d’un foyer d’hébergement inclusif, géré par l’association Espace de vie pour adultes Handicapés (Evah) et Soliha 64 (Réseau associatif national de l’habitat privé à vocation sociale).

3 Santé et études

La Région attribue chaque année des subventions de fonctionnement aux organismes gestionnaires des instituts ou écoles de formation du milieu sanitaire et social, après analyse financière rigoureuse de leurs budgets. Ainsi, le Centre hospitalier de la Côte basque bénéficiera de 1,87 million d’euros dans ce cadre.
Notons enfin que l’hébergement des étudiants est lui aussi accompagné, avec 450 000 euros pour des rénovations de charpente, de toiture et de menuiseries au lycée polyvalent Biarritz Atlantique et à l’Union nationale du sport scolaire Pays basque.

sudouest.fr

Itxassou, la colère gagne du terrain

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La colère ne redescend pas au sujet du nouveau plan de circulation à Itxassou. © Crédit photo : P.-A. C.

Après la pétition signée par plus de 400 Itsasuars, c’est au tour des habitants d’un autre quartier, celui de Mokoxainea, d’interpeller le maire, Mikel Hiribarren. Son nouveau plan de circulation ne satisfait toujours pas. Il oblige tous les véhicules qui traversent la commune à faire de grands détours et la circulation explose.

Les mêmes récriminations apparaissent : manque de sécurité pour les piétons, les enfants, les animaux et les cyclistes. D’autres chemins, qui faisaient également le bonheur des personnes âgées, des enfants et des promeneurs, sont désertés. Dans un communiqué, les contestataires dénoncent alors une « solution facile » qui consiste à déplacer le problème de circulation du centre-bourg vers d’autres quartiers.

« Continuer le combat »

« Elle est complètement paradoxale puisque ces chemins sont plus fréquentés par les piétons et les cyclistes que le centre-bourg. On fait circuler des voitures là où il y a le plus de piétons », est-il écrit.

Depuis leur dernière rencontre à la mairie, les élus restent inflexibles : « Ils ne souhaitent pas modifier leur projet, donc nous avons décidé de continuer le combat. Nous allons rencontrer le commissaire enquêteur afin de lui transmettre tous les doléances. Notre position reste la même, ce plan doit être retiré pour retrouver un village apaisé. »

Pierre-Alexandre Carré
sudouest.fr