• L'église Saint Fructueux
  • Le Pas de Roland
  • L'Artzamendi et le Mondarrain
  • La vallée des vautours
  • Vue depuis le Mondarrain
  • Les cerisiers en fleurs

quatre militants d’Ostia convoqués devant le tribunal pour dégradations dans une agence immobilière

AB

En décembre 2022, plusieurs militants d’Ostia avaient déversé de la terre et de la paille dans une agence Bouygues Immobilier. © Crédit photo : archives Nicolas Mollo

Quatre personnes ont été interpellées ce mardi 7 novembre, au matin, près d’un an après une intrusion dans une agence Bouygues immobilier, à Anglet. Ils seront jugés en mars pour dégradations. Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées à Bayonne et Cambo pour dénoncer ces arrestations

Quatre militants du collectif Ostia ont été interpellés et leurs domiciles perquisitionnés, ce mardi 7 novembre, à l’aube, par le service de police de Bayonne. Ils ont été placés en garde à vue. Ces deux hommes et ces deux femmes sont soupçonnés d’avoir pris part à l’envahissement d’une agence Bouygues Immobilier d’Anglet. Ils ont été remis en liberté dans l’après-midi, avec une convocation devant le tribunal correctionnel pour le 12 mars 2024. Ils seront jugés pour dégradations et refus de se soumettre aux prélèvements d’empreintes. Devant les enquêteurs, les gardés à vue ont fait usage de leur droit au silence.

Le 17 décembre 2022, Ostia avait déversé de la terre et de la paille à l’intérieur du local de Bouygues pour marquer son opposition au projet Marienia, à Cambo-les-Bains. Une maquette du projet avait aussi été recouverte. Cet ensemble de 94 logements, dont une partie de logements sociaux, sur un terrain de 3,7 hectares suscite l’opposition des défenseurs des terres agricoles.

« La problématique du logement et du foncier ne se réglera pas en arrêtant des militants politiques à 6 heures à leur domicile »

Rassemblements de soutien

Le parti politique EHBai s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer ces arrestations. « La problématique du logement et du foncier ne se réglera pas en arrêtant des militants politiques à 6 heures à leur domicile, mais en garantissant à tous les habitants le droit de travailler et vivre au Pays basque », écrivent ses auteurs. EHBai a appelé à participer au rassemblement de soutien organisé par Ostia à midi, devant le commissariat de Bayonne.

À 11 h 30, une soixantaine de personnes ont mis en place un sit-in, en musique. La circulation a été gênée sur l’avenue de Marhum. Les manifestants l’ont bloquée complètement à partir de midi, avec une banderole « Terres agricoles en danger, occupons Marienia ». Ils étaient alors plus d’une centaine. « Nous avons revendiqué à Cambo ce que nous souhaitons pour tout le Pays basque : une agriculture paysanne. Par sa justice et sa police, l’État nous criminalise », a dénoncé l’une des manifestantes, au micro. De nombreux lycéens de Bernat-Etxchepare ont rejoint le rassemblement, aux alentours de 12 h 30, l’un des interpellés travaillant dans l’établissement scolaire. En début d’après-midi, les allées Paulmy ont également été bloquées.

À 19 heures, plus de 300 personnes ont répondu à un nouvel appel au rassemblement lancé par la Confédération paysanne du Pays basque (ELB) et le collectif Lurzaindia pour la préservation des terres agricoles, sur le parvis de la mairie de Cambo. Elles ont dénoncé « des interventions policières violentes dès l’aube », « des intimidations inacceptables de militants » et « l’utilisation démesurée de moyens répressifs ».

Présente, la cheffe d’opposition municipale, Argitxu-Hiriart Urruty, a réaffirmé son opposition au projet Marienia : « Comme vous le voyez, nous sommes déterminés. » Elle s’est insurgée contre « la bétonisation des terres agricoles », incompatible selon elle avec la lutte contre le dérèglement climatique. « La perte des terres pour les paysans est insupportable. Je condamne l’entêtement des promoteurs immobiliers et j’en appelle donc aux élus de Cambo et à la CAPB pour qu’il n’y ait pas d’escalade dans cette affaire », a-t-elle poursuivi.

Yoann Boffo
sudouest.fr

Agriculture paysanne : la place des femmes au cœur du salon Lurrama

lurama

Les agricultrices basques ont dévoilé les grandes lignes du prochain salon paysan de Biarritz. © Crédit photo : T. V.

Le salon de l’agriculture paysanne et durable du Pays basque, Lurrama, fera son retour à Biarritz du 10 au 12 novembre. Son thème ? « Place aux paysannes ! »

Attention, cliché : les femmes sont prévoyantes. Les agricultrices Amaia Hiribaren (Itxassou), Jennyfer Audy (Jatxou) et Mirentxu Elissalde (Itxassou) ont en tout cas dévoilé les contours du salon de l’agriculture paysanne et durable du Pays basque, Lurrama, 130 jours avant son ouverture. Le 4 juillet, précisément. À leurs côtés se trouvait aussi Élise Momas, du comité de pilotage de Lurrama, un événement prévu du 10 au 12 novembre à la halle Iraty de Biarritz.

Lors de cette édition, la région invitée sera la Franche-Comté et la marraine de l’édition Morgan Ody, coordinatrice générale de la Via Campesina (1). Comme chaque année, il y aura à manger et à boire, des animaux à voir, des conférences et des savoir-faire à mieux comprendre. Mais il y aura surtout ce thème : « Place aux paysannes ! » « C’est un projet de société, qui prône l’équité et le vivre-ensemble, l’internationalisme et le féminisme », explique Jennyfer Audy.

1 : Accélérer le cours de l’Histoire

Les paysannes de Lurrama rappellent quelques dates clés. En 2010, l’égalité de statut commence à poindre avec la création du Gaec entre époux. En 2012, la candidature de 30 % de femmes devient obligatoire sur les listes électorales des chambres d’agriculture. Depuis, la place des agricultrices a évolué. Mais trop « lentement ».

2 : Être toujours plus visible

Les femmes représentent un quart des installations agricoles en Nouvelle-Aquitaine, contre 38 % en Pays basque français, où elles n’étaient que 25 % douze ans plus tôt. Autrement dit, le secteur agricole progresse pas à pas… Même si le chemin reste long.

« Autrefois, les paysannes n’étaient pas visibles, rappelle Jennyfer. Des progrès ont été réalisés, mais beaucoup de choses restent à faire. Désormais, il ne s’agit plus de dire que les femmes sont légitimes dans le monde agricole, car tout le monde partage cet avis. Il s’agit de penser le statut des paysannes et de trouver des outils pour leur donner toute leur place. Comment être mère et paysanne ? Comment avoir plus de femmes dans nos instances, notamment syndicales ? »

3 : Faire évoluer les réflexes

Amaia, Jennyfer, Mirentxu et Élise soulignent notamment un « vrai-faux » détail : « Les femmes prennent moins souvent l’apéro en fin de réunion. Et c’est souvent là que se prennent les décisions. À nous de prendre notre place. »

Une anecdote de Jennyfer illustre le retard à combler : « J’annonce à la grand-mère de mon mari, qui a 92 ans, que je pars faire la traite. Elle me répond : ‘‘Bah, tu vas tenir le portail.’’ Et pourtant, elle est plutôt féministe pour son âge. Les réflexes des hommes, mais aussi ceux des femmes, doivent changer. »

Et lorsque l’heure de la transmission a sonné, l’expression consacrée est la suivante, d’après les participantes à Lurrama : « Notre mère a aussi un statut d’agricultrice, mais on prend la suite du père. C’est ancré dans les esprits. »

(1) La Via Campesina est une organisation mondiale qui regroupe près de 200 millions de paysannes et paysans.

Thomas Villepreux
sudouest.fr

Tour de France 2023. Artzamendi, ce terrible col que le Tour n’empruntera (sans doute) jamais

tourez
Les deux derniers kilomètres offrent 14 % de moyenne et des passages jusqu’à 25 % © Crédit photo : J.D.

 

Sur les hauteurs d’Itxassou, le Mont Artzamendi domine le Pays Basque. Mais aucune course cycliste ne l’a jamais emprunté. Il est pourtant considéré comme l’une des ascensions les plus difficiles de France

Christian Prudhomme adore les trouvailles et les défis, mais il a peut-être trouvé son maître. Un col du Pays basque aurait pu devenir la star de ce Tour de France 2023 de retour en Iparralde (Pays basque français) ce lundi. Mais non. Pour rentrer en France, le patron du Tour et son « traceur », Thierry Gouvenou n’ont pas cherché les cols du coin, et encore moins le fameux col d’Artzamendi. Dommage. Le spectacle aurait été extraordinaire.

Car l’Artzamendi, qui culmine à 960 m d’altitude, est une légende pour les coureurs du Sud Ouest ou les cyclos en quête de sensations fortes. « C’est une chasse gardée, mais il mériterait d’être plus connu », sourit Romain Sicard, l’ancien coureur d’Hasparren, qui l’a régulièrement grimpé durant sa carrière.

Route étroite

Rendez-vous à Itxassou, ce joli village du Labourd, niché quelques kilomètres après Espelette ou Cambo. À la sortie du village, il faut emprunter la direction du Pas de Roland, prisé des randonneurs, en longeant la Nive par une toute petite route à flanc de rocher. Ici, deux voitures ne peuvent se croiser, sinon en se garant dans de petits refuges. Le lieu est splendide, mais pas simple d’accès.

L’ascension débute, vers ce sommet visible depuis tout le Pays basque. Son énorme boule blanche et son antenne semblent si loin… D’abord la forêt de châtaigniers, sombre. Les petits murs aux pourcentages sévères (15 %) alternent avec de petites descentes. Des lacets et des relances violentes conduisent alors le cycliste jusqu’à la frontière espagnole, au son des coups de fusil des chasseurs.

“Je ne connais pas. Il faut que j’aille le voir” Thierry Gouvenou “traceur” du Tour

« Au total, ce sont presque 13 kilomètres d’ascension à 7 % de moyenne. Mais ce chiffre est rendu trompeur par les petites descentes. En réalité, c’est beaucoup plus difficile », insiste Romain Sicard. « D’ailleurs, même si j’aimais aller le grimper, je ne pouvais pas en faire un lieu d’exercice pour mes entraînements. Les ruptures de rythme empêchent de travailler en cadence. » Car le final vire à l’enfer lorsque la route tourne à gauche au col de Mehazte, à 2 kilomètres du sommet, au milieu des pottoks. « On atteint les 14 % de moyenne, avec des passages à 25 % en ligne droite. »

Le plus dur en France ?

Pour l’ex-champion du monde espoir, comme pour beaucoup de coureurs pros qui connaissent les deux, cet Artzamendi est « l’Angliru français », ce col des Asturies devenu une légende du Tour d’Espagne. Alors, à quand cette nouveauté sur le Tour de France ? Sans doute jamais. Même si Thierry Gouvenou est intrigué par le récit. « Je ne le connais pas. Il faudrait que j’aille le voir ». Mais les obstacles pourraient vite le refroidir. Les conditions d’accès rendent une arrivée du Tour et de son gigantisme hautement improbable (bien que l’édition 2023 ait choisi de revenir au Puy de Dôme, tout aussi inaccessible...). D’autant qu’aucune course n’est jamais montée là-haut. L’Essor basque, course amateur de référence, arrive trop tôt dans la saison pour proposer une telle difficulté.

Il n’empêche, le débat existe dans la communauté cycliste : et si l’Artzamendi était le col le plus dur de France ? Quentin Pacher, le coureur de Groupama-FDJ possède le record de l’ascension, mais il tempère. « Pour moi, il est effectivement très difficile, mais il manque peut-être de longueur pour rivaliser avec le col de la Loze, par exemple. » Bernard Hinault, qui l’avait grimpé avec Bixente Lizarazu, en 2021 pour un reportage dans l’Equipe n’était pas d’accord à l’époque.  “C’est le col le plus difficile que j’ai jamais fait ! Par les pourcentages. Dans un grand col, la montée est régulière”. Sicard acquiesce : « En France, je n’en connais pas de pareil… »

Julien Duby
sudouest.fr